Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/363

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une douzaine d’hommes en tabliers de tapissiers se présenter devant le palais, en portant chacun un fauteuil sur la tête. Tout d’abord elle n’y fit pas attention et se remit à écouter le bruit de la fusillade ; mais, en reportant les yeux sur celui qui marchait en tête, elle reconnut l’exposant américain de la Barricade Fallacieuse.

Son cœur battit. Allait-elle encore se trouver au milieu d’une bagarre ?

Les douze faux ébénistes entrèrent tout droit dans le palais. Sous le vestibule, un sergent leur barra le passage.

LA BARRICADE FALLACIEUSE. (MÉDAILLE D’OR.).
LA BARRICADE FALLACIEUSE. (MÉDAILLE D’OR.).

« On ne passe pas ! cria-t-il.

— Ce sont des fauteuils pour le conseil des ministres, dit l’Américain.

— Drôle d’idée de renouveler leur mobilier en ce moment-ci, dit le sergent d’un ton bourru. Allons, premier étage, la porte en face ! »

Les ébénistes grimpèrent l’escalier. Hélène ne perdait pas un de leurs gestes. Elle les vit déposer leurs fauteuils sur le palier, en travers de la porte du conseil et se mettre en devoir de les visser tranquillement.

« Qu’est-ce que vous faites donc ? cria le sergent.

— Nous emménageons, reprit un des ébénistes.

All right ! » dit l’Américain en poussant le ressort.

Les douze fauteuils ne formaient plus qu’un seul corps, la barricade était faite.

L’Américain ouvrit tranquillement et sans frapper la porte du conseil des ministres.