Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/379

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nous propose donc, par la voix de M. l’ambassadeur, d’avancer le payement de l’indemnité moyennant un escompte de 5 pour 100… Comme l’économie qui va résulter de cette avance est assez considérable, je propose d’accéder à la proposition de M. l’ambassadeur…

— Mais nous n’avons pas de fonds disponibles, objecta un membre du conseil.

— Nous les aurons dans huit jours, le moment me semble venu de faire appel au public… notre grande émission est préparée…

— Oui, oui, très bien !

— Nous acceptons donc la proposition de M. l’ambassadeur ; dans huit jours, la République italienne touchera ses fonds, sauf l’escompte de cent millions. — Ces deux points réglés, reste l’affaire de la neutralisation du Parc européen. Je viens de recevoir une dépêche téléphonique de Rome et j’ai la satisfaction d’apprendre au conseil que le congrès réuni en cette ville vient de nous accorder la neutralisation que nous sollicitions ; pour plus de sûreté, j’ai tenu à payer cette neutralisation, mais je pense que le conseil ne regrettera pas les cinq cents millions consacrés à cette affaire. — Tout est donc terminé, l’Italie appartient en toute propriété à la Société, les trois quarts des Italiens expropriés ont été transportés en Amérique à nos frais, et avec l’argent reçu, ils s’occupent en ce moment de se fonder une patrie sur les territoires de l’ancien Uruguay achetés par nous. Beau pays, air pur, sol fertile, nous espérons que la nouvelle Italie prospérera. L’autre quart des Italiens a consenti à rester au pays natal pour animer ses splendides paysages… Les Italiens du Parc européen jouiront sous notre administration d’un bonheur sans mélange ; ils recevront des appointements…

— Mais… fit un banquier connu pour être un peu liardeur.

— Soyez tranquille, les recettes du Parc européen nous permettront d’agir avec grandeur ! Nous avons conservé tous les aubergistes, cuisiniers, commissionnaires, gondoliers et ciceroni de la Péninsule — et même, ceci est une idée de moi, une troupe de quarante brigands pour la Calabre et la Sicile. — Le reste de la population s’occupera des travaux des champs sous la direction de nos agents et de l’entretien des curiosités ; les hommes guideront les étrangers, joueront de la mandoline, les femmes danseront la tarentelle… Bien entendu, ils seront tous revêtus de costumes nationaux, ceci regarde le directeur de la partie artistique, qui veillera sans cesse à ce que tout soit chez nous pour le plaisir des yeux !