Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/389

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siette de l’impôt en France, de rapports sur les contributions directes et indirectes, de budgets anciens et nouveaux, etc., etc.

Que pouvait être l’idée de M. Ponto ?

Un beau jour, Hélène le sut enfin. Après déjeuner, M. Ponto ramassa tous ses papiers couverts de chiffres ; il dit à Hélène de prendre son chapeau et son portefeuille et de le suivre.

« Au palais du gouvernement ! dit-il au mécanicien en montant en aérocab avec Hélène ; nous allons voir le président de la République, ajouta-t-il en s’adressant à sa secrétaire, il s’agit de ma grande affaire…

— Du tube transatlantique ou du Parc européen ?

— D’une plus grosse affaire que cela !… »

L’aérocab fut en quinze minutes au palais du gouvernement. Hélène reconnut de loin le vaste édifice qu’elle avait habité pendant vingt-quatre heures comme prisonnière de guerre au début de la dernière révolution. Il n’y avait rien de changé, la façade avait été seulement reblanchie ; une immense inscription en lettres tricolores la paraphait du haut en bas : Vive le nouveau gouvernement ! ! ! C’était un bataillon de peintres en bâtiments, entré un des premiers dans la place, qui avait tenu à barioler les murailles de cette déclaration d’amour.

M. Ponto n’eut qu’à faire passer sa carte pour être introduit.

Un officier brillamment chamarré le fit conduire dans la salle du conseil et partit prévenir le président du conseil des ministres de l’arrivée du puissant banquier.

« Voici, ma chère Hélène, dit M. Ponto, où se décident les destinées de la France, voici la table du conseil, avec les fauteuils des ministres ; ces deux fauteuils un peu plus élevés que les autres sont les fauteuils du président du conseil et du président de la Chambre… Et voici M. le président de la République… »

Hélène se retourna rapidement.

« Je ne l’avais pas vu », dit-elle.

M. Ponto frappa sur le président qui rendit un son creux.

« Voilà notre nouveau président, dit M. Ponto ; notre dernière révolution marquera dans l’histoire, elle s’est signalée par un nouveau progrès ! jusqu’aux dernières vacances décennales, le président de la République était tantôt le président de la Chambre et tantôt le président du conseil des ministres ; de là, rivalité, intrigues, lutte sourde qui pouvait dégénérer un jour en lutte ouverte et déranger l’ordre de nos institutions si bien