Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/474

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à quatre heures parce que les étrangers aiment ça… Quand le musée est fermé, je remets ma robe de chambre…

— Et comment vous appelez-vous ? dit Philippe en mettant un fort pourboire dans la main du fonctionnaire.

Le concierge du Musée.
Le concierge du Musée.

— Théodule, de mon petit nom, répondit le concierge, de mon nom de famille Jowa-ki-bo, le Vautour blanc des montagnes Rocheuses ! Mon bisaïeul était un sachem de la nation apache ; ce sont des malheurs de famille qui m’ont forcé à accepter cette petite place… Si vous voulez acheter ma photographie, ce sont mes petits bénéfices… »

Le musée peau-rouge était peu varié, mais intéressant. Quelques poteaux de la guerre, des tentes illustrées de figures de guerriers et d’animaux, des couteaux à scalper, des tomahawks de toutes les formes, des arcs, des flèches, des rifles, des bownies-knifes, des animaux empaillés garnissaient les premières salles. Quand les visiteurs eurent tout examiné, Théodule les conduisit en souriant vers une grande salle garnie sur tous les côtés d’armoires vitrées.

« Qu’est-ce que cela ? dit Hélène en cherchant à deviner.

— Hugh ! fit le concierge d’une voix gutturale, ce sont des scalps, des chevelures enlevées par les guerriers dans le sentier de la guerre…

— Dans l’ancien, dit Philippe.

— Dans l’ancien, bien entendu ! on a centralisé ici tous les trophées… Bien des gens en ont conservé comme souvenirs de famille et si jamais vous allez chez le notaire Œil-de-Lapin, Sentier de la guerre 439, demandez-lui à voir sa collection… Il a une salle à manger décorée entièrement de scalps provenant de sa famille et de celle de sa femme ! »