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L’ÎLE 124.
L’ÎLE 124.


X


La tentative de vol de l’île 124. Les îles madréporiques de l’Océanie. — La plus grande idée du xxe siècle. Construction d’une sixième partie du monde.


Les naufragés habitaient depuis huit jours l’île factice n° 124. Un immense pavillon rouge flottait à la pointe du sémaphore pour signaler au loin leur présence ; mais nul navire n’avait encore passé en vue de l’île.

Malgré la monotonie de leur genre de vie, les naufragés ne s’ennuyaient pas encore ; ils avaient tracé des allées dans leur jardin mouvant pour se promener à l’aise, et, quand ils s’étaient bien promenés, ils rêvaient appuyés sur la balustrade, bercés par le léger roulis, en contemplant l’immensité verte et l’immensité bleue : la mer, spectacle toujours le même et toujours nouveau, le ciel, champ de courses rempli par l’éternel et magnifique défilé des nuages voyageurs, découpés et nuancés de cent mille façons.

Au milieu de la huitième nuit, le capitaine Briscousse se réveilla en sursaut. Son hamac se balançait d’une façon anormale. Il resta un instant assis pour réfléchir.

« Ça remue bien ! s’écria-t-il tout à coup, du roulis, du vrai roulis ! Le temps était superbe hier soir, il n’y avait aucune menace dans l’atmosphère… qu’est-ce que ça veut dire ? »

Le capitaine s’habilla en toute hâte et courut à la fenêtre.

Le ciel était pur, la lune brillait de tout son éclat et illuminait au loin une mer très calme.

« Oh ! oh ! est-ce que… oui, du vrai roulis… parfaitement… nous marchons ! Sacrebleu ! est-ce que nous aurions perdu nos ancres !… c’est impossible… Allons voir ça ! »

Le capitaine descendit rapidement au rez-de-chaussée ; il allait ouvrir