Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/494

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établi à l’avant, tandis qu’à l’arrière fonctionnait un gouvernail grossier, mais immense, semblable à un gouvernail de chaland de rivière.

L’île 124, malgré sa forme ronde et sa lourdeur, était à peu près dirigeable ; le capitaine pouvait la maintenir dans sa route et profiter de toute la brise.

« Si la brise se maintient, dit le capitaine en prenant place au gouvernail, nous serons avant huit jours en pleine Polynésie ; nous tâcherons de gagner le port important de Taïti, où nous trouverons des paquebots pour Panama.

NATURELS OCÉANIENS.
NATURELS OCÉANIENS.

— Le seul danger, dit Philippe, serait de toucher un récif de corail.

— Nous en trouverons partout, dit le capitaine ; mais notre île n’a pas plus d’un mètre de tirant d’eau ; avec des précautions, nous passerons sans toucher. »

L’île 124 atteignit au bout d’une semaine, comme l’avait dit le capitaine, les premières îles polynésiennes ; les passagers aperçurent les myriades de petits récifs annulaires, œuvres des polypes constructeurs qui, lentement, ont couvert l’énorme étendue du Pacifique d’un semis d’archipels dont les îles, imperceptibles d’abord, mais s’élargissant et croissant sans arrêt, tendent peu à peu à se réunir.

Partout, à droite, à gauche, au nord et au sud, des îles pointaient du sein de la vaste mer, des îles de toutes les grandeurs, entourées d’une ceinture de récifs écumeux. Il fallait naviguer avec la plus grande pru-