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Le Vingtième Siècle.

Un tintement perpétuel a remplacé le vacarme assourdissant des véhicules terriens d’autrefois. Partout l’électricité circule, mêlée à toutes les manifestations de la vie sociale, apportant partout son aide puissante, sa force ou sa lumière ; des milliers de timbres et de sonneries venant du ciel, des maisons, du sol même, se confondent en une musique vibrante et tintinnabulante que Beethoven, s’il l’avait pu connaître, eût appelée la grande symphonie de l’électricité.

« Superbe, la grande symphonie de l’électricité et intéressante à détailler ! »

C’est ce que se disaient Hélène et ses compagnes, peu habituées à cette musique parisienne.

« Ce crescendo de tintements éclatant devant cette grande maison, disait Hélène, c’est un chef de maison pressant l’activité de ses employés, gourmandant des correspondants éloignés ; ce sont des commis affairés répondant à mille demandes venant des quatre coins du monde…

— Ce trémolo de sonneries, fit Barnabette, c’est une dame qui appelle sa femme de chambre ou qui réclame à sa modiste un chapeau en retard…

— Ces vibrations qui passent et s’éteignent comme un chant d’oiseau égrené dans l’espace, c’est tout simplement l’omnibus qui vole à deux cents mètres au-dessus des cheminées… ce petit timbre, c’est une demande de secours au poste des pompiers, ou c’est un locataire qui commande un aérofiacre à la station pour aller au bois de Fontainebleau… »


c’est une dame qui demande sa modiste.