Page:Robida - Le vingtième siècle, 1883.djvu/99

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Le clou de ce 4e acte était un intermède de haute gymnastique par la malheureuse amante de Curiace, intermède amené ingénieusement par le jeune collaborateur de Corneille. Mlle Bertha, après quelques vertigineux exercices, s’accrocha au trapèze par les pieds et dit, la tête en bas, avec une énergie de gestes et une puissance dramatique extraordinaires, les sublimes imprécations de Camille.

La salle, au comble de l’émotion, enlevée et surexcitée comme aux jours des grandes batailles littéraires, éclata en applaudissements, lorsque Mlle Bertha, à la fin de sa tirade, dit avec une maestria superbe :

Voir le dernier Romain à son dernier soupir,
Moi seule en être cause et mourir de plaisir !

Horace, paraissant alors sur la scène un pistolet à la main, ajuste sa sœur et fait feu.

…Ainsi reçoive un châtiment soudain
Quiconque ose pleurer un ennemi romain.

Camille, atteinte, fait quelques tours, puis lâche brusquement le trapèze, et, par un prodige d’habileté, se rattrapant à une corde, exécute une audacieuse voltige pour tomber debout au milieu de la scène.