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LES DEUX COURONNES DE HENRI III. 4S

rentes sur voz finances, à la grande diminution d’icelles et augmentation de la nécessité, et conséquemment à la charge et foulle de vostre pauvre peuple, qui est réduit à toute pauvreté et impuissance. » La Ville détaille les différentes causes de cette misère générale. Au mépris de la foi publique, les rentes assignées sur les grandes fermes d’impôts ne sont plus versées dans la caisse municipale. Les transactions sont partout arrêtées. La licence égrenée de la gendarmerie et des gens de guerre à ruiné la banlieue, de telle sorte que les bourgeois de Paris ne touchent plus le revenu des biens qu’ils ont aux champs. L’usure, « cause très fréquente et ordinaire des troubles et séditions », se développe d’une manière effrayante et achève de consommer la ruine des particuliers.

La Ville termine en plaçant sous les yeux du roi les belles paroles adressées par « ce bon roy Saint-Loys a à son fils, quelques instants avant de mourir « Aye le cœur piteux et charitable aux pauvres gens et les conforte et aide de tes biens. Faitcz garder les bonnes loix et coustumes de ton royaume ; ne prends point tailles n’y aides de tes subjectz, si urgente nécessité et évidente utilité ne te le faict faire, et pour juste cause, non pas volontairement car, si tu faictz autrement, tu ne seras pas pas réputé pour roy, mais tu seras réputé pour tyran. Garde, sur toutes choses, que aies sages conseillers etd’aage meur. S’il y en a aucuns rioteux, garde que incontinent tu les envoyes hors de ta maison».

Cette allusion directe frappait en plein visage les mignons du roi, qui étaient présents lorsque le Prévôt des marchands, le 19 décembre, ut donner lecture des remontrances au roi et à son Conseil, dans une salle