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LES DEUX COURONNES DE HENRI III. 49 ..«~ N"

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Laissant ses États à la garde de son frère,’ il arriva en Pologne presque seul, épousa immédiatement la princesse Anne et fut couronné solennellement, le 1~ mai 1S76. Maximilicn se préparait à faire valoir ses droits les armes à la main ; il nouait des alliances avec les Moscovites, quand il mourut. Les partisans de l’empereur se rallièrent alors à Bathory et le Transylvain fut généralement reconnu.

Si, faisant un retour en arrière, l’on embrasse d’un coup d’œil la- courte et singulière histoire des deux avènements de Henri, roi de Pologne, puis roi de France, on est frappé des contrastes qui, dans l’espace de deux années, font de la vie de ce prince une sorte de roman dont le dénouement attriste et humilie l’amour-propre français. Quelle étrange destinée, en effet, que celle du vainqueur de Jarnac et de Moncontour Après avoir excité toutes les espérances et rendu le roi son frère jaloux de ses succès militaires, il devient, à quelques mois de distance, le souverain de deux grands royaumes. L’Europe l’admire et l’envie. Il va peut-être pacifier la France et rendre une nouvelle sève à la branche épuisée des Valois. Mais bientôt le prestige tombe, les illusions se dissipent. Le roi guerrier n’est plus que l’hommo-femme. Il s’évade de l’un de ses royaumes, comme un voleur de la maison qu’il a pillée. La France, qui le reçoit déjà déshonoré, témoigne par son mépris de la grandeur de sa déception. Une sourde fermentation agite les masses populaires. Le clergé et la noblesse s’unissent dans un même sentiment de protestation et de révolte. Tout l’édince social chancelle et se disloque, tandis que le prince, souriant et parfumé, passe de l’orgie aux exercices d’une dévotion outrée, étudie avec ses