Page:Rocca de Vergalo - La Poëtique nouvelle, 1880.djvu/18

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que la Bonté, la Vérité, la Justice, et la Beauté qui est indubitablement le génie de la Forme.

A un moment donné, ils savent et ils connaissent tout parce qu’ils sont inspirés. C’est pourquoi ils sont utiles et indispensables à la société. Somme toute, nous pouvons dire que les grands Poëtes, les Poëtes lyriques ou élégiaques, vivent en dehors des préoccupations, des troubles malsains, des préjugés et des vices de leur temps. Ils chantent et ils pleurent beaucoup, mais ils ne rient jamais ; ils se contentent de sourire, quelque grande que soit leur ivresse qui est toujours choisie et imprévue. Ils ont des besoins pur sang et des rêves de race. Ils se recueillent et vivent dans l’isolement et dans les âpres solitudes où ils écoutent le silence de leur cœur ; où ils étudient les bruits invisibles de leur âme radieuse et immortelle. C’est pourquoi ces Grands Esprits, qui sont doux comme la Femme et bons comme Dieu, sont toujours des Croyants. Ils savent fort bien qu’audelà de la Foi il n’y a pas de Poësie, et ils meurent le jour où ils ne se sentent plus Poètes. Aussi, chez eux, les facultés résument l’homme. Leur talent et leur caractère, sont d’accord avec leurs actions et leurs principes. Nous sommes assez franc pour constater (pas de fausse modestie ! le moment serait mal choisi) qu’ils ont autant de cœur que de caractère et nous en