Page:Rocca de Vergalo - Les Livre des Incas, 1879.djvu/31

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LA SOIRÉE DE NOVEMBRE J’ai souri trop longtemps aux songes, aux chimères, J’ai trop longtemps vécu d’espoir, d’illusion, Et je trouve aujourd’hui profondément amères Les ivresses d’hier, sans faire allusion Aux larmes d’autrefois joyeusement versées ; J’ai trop donné mon âme en pâture aux douleurs Changeantes des plaisirs rêvés et des malheurs, Et trop nourri mon coeur de riantes pensées Dans mes étranges et lugubres traversées : C’est pourquoi je voudrais mourir en ce moment. ÉROS Assez pleurer, assez souffrir, assez te plaindre ! LE POÈTE Cette croyance, ami, me plaît infiniment : Car, mort, je n’aurai plus rien à voir, rien â craindre. ÉROS Il est bien des plaisirs que tu ne connais pas, Et ces plaisirs, je veux te les faire connaître, LE POÈTE Si je pouvais encor sentir, aimer, renaître, J’accepterais ton offre et je suivrais tes pas ; Mais, je me suis livré tout entier au trépas,