Page:Rocca de Vergalo - Les Livre des Incas, 1879.djvu/32

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26 LES GRANDES MISÈRES Et je vais expier l’étrange maladresse D’avoir vécu trente ans de rêves et d’espoir.,. Aussi, mon coeur tressaute et ma tête se dresse, Amour, gloire, bonheur, car je voudrais vous voir, ÉROS Tout jouit sur la terre, en ce moment, sans trêve, Et je t’accorde tout : beauté, richesse, amours, Forces, santé, génie et gloire, pour toujours, Si tu veux me donner, avec ton dernier rêve, La moitié de ton coeur immense et de ta sève. LE POÈTE Je vais donc vous revoir, je vais donc vous sentir, O mes volages bienaimées ! Je vais donc vous revoir, folles, inanimées, Peut-être pour pleurer et pour m’en repentir ! Ah ! j’en atteste ici mes profondes blessures : Vivant de mon heureux passé, J’ai des illusions comme un homme insensé. Les ivresses les plus courtes sont les plus sûres. Et c’est pourquoi, toujours souffrant et déjà vieux, Mon coeur puissant, mon dernier rêve, Je te les donne avec la moitié de ma sève ; Dis-moi, qu’en feras-tu par ces temps pluvieux ? Du moins, tu n’iras pas les traîner dans la fange Epaisse des légers ruisseaux ;