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ALCIBIADE


mon trésor, sur moi !… „ Et le pressant en même temps sur son sein, il entrecoupait chacune de ses paroles de baisers.

Il eut pleine jouissance de son désir ; toute son âme se porta sur ses lèvres, toute sa vie se concentra dans un baiser ; et si au souffle brûlant de l’enfant qui pénétrait jusqu’à son cœur avec une suavité divine, l’esprit du maître ranimé n’eût retrouvé la force et la vie, c’en était fait de lui ; il demeurait froid et inanimé. Mais à dépeindre les mouvements divers qui l’agitaient, l’intelligence et la langue sont impuissantes. Ma plume, succombant à une pareille tâche, laisse à ma pensée, toute pleine de son sujet, le soin de retracer ces profonds mystères ; et ma convoitise, allumée par l’idée de cette scène, éveille en moi de doux chatouillements, tourne et retourne mon imagination en tous sens, la rend ingénieuse à se représenter la chose et à exprimer au vif, sans paroles, le contentement du fortuné précepteur. Mais là ne se bornaient point ses désirs ; sa passion ne s’arrêtait pas aux baisers : les baisers ne sont pas seulement les messagers et les fourriers