Page:Rocco - Alcibiade enfant à l’école, 1866.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
ENFANT À L’ÉCOLE


sans avoir recours à l’entremise officieuse de la main. Mais pensant bien qu’il ne pourrait retrouver dans aucune créature humaine l’apparence même de l’incomparable beauté de cet enfant, il se déchargea sur ses doigts du soin de le soulager, et ne cessa de se représenter à l’imagination, pendant la jouissance, l’image enchanteresse de son ange adoré. Néanmoins toutes les forces de son esprit restaient tendues vers la grande entreprise, tout le reste lui était indifférent, rien ne lui était plus, plus ne lui était rien, auprès de l’espoir qu’il avait de rendre l’enfant docile à ses désirs. Un jour donc il prit sur lui de s’en ouvrir librement, et voici à peu près ce qu’il lui dit :

„ Une personne raisonnable, mon cher Alcibiade, doit faire raisonnablement ce qu’elle désire, ou s’abstenir. Si tel vous êtes, comme tous vos actes le témoignent, dites-moi, je vous prie, quelle cause vous porte à résister avec tant d’obstination et de cruauté aux vœux les plus ardents de votre très-amoureux maître. Je sais bien que, dans notre dernier conflit, vous m’avez allégué je ne sais quels vains