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ALCIBIADE

„ C’est ce qu’avaient bien compris les sages législateurs de Sparte, quand ils exprimaient en texte de loi ce vœu que formule la nature en son muet langage. Ils voulurent que chaque citoyen choisît un enfant pour l’aimer d’amour : tant que durait chez l’objet aimé la fleur de l’enfance, l’amant lui restait fidèle, et, la fleur passée, il passait lui-même à un objet plus tendre. C’est sur cette base qu’ils ont fondé la stabilité de leur république, qui subsiste depuis si longtemps florissante et respectée. C’est là le bien le plus solide de la bienveillance et de l’amitié. Chez eux, celui qui enfreint cette loi est réputé ennemi de l’État et de lui-même.

“ — Mais, reprit Alcibiade, à quelle fin ont donc été créées les femmes ? et si les garçons peuvent les remplacer et donner aux hommes plus de jouissances, comme vous le prétendez, que vont devenir les malheureuses ? Faudra-t-il que l’une joue au mâle et l’autre à la femelle ? ou inutiles au monde, seront-elles rayées du nombre des vivants ; ou, assimilées aux bêtes de somme, seront-elles simplement nos esclaves, satisfaisant nos besoins et non pas nos plaisirs,