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second Villars, était fils d’Auguste II de Pologne et de la célèbre Aurore de Kœnigsmark. Maurice de Saxe eut à son tour, d’une des demoiselles Verrières, une fille, Marie-Aurore, qui fut la grand’mère de George Sand. De sorte que par son père, qui était arrière-petit-fils du roi de Pologne, notre écrivain se trouvait proche parente — illégitime mais authentique — de Charles X et de Louis XVIII.

Marie-Aurore fut « reconnue » fille du comte de Saxe le 19 octobre 1748. Elle avait été adoptée en quelque sorte par la Dauphine, fille d’Auguste II, qui la fit élever à Saint-Cyr et la maria à quinze ans au comte de Horn, lieutenant du roi à Schlestadt. Ce mariage s’arrêta à la cérémonie. Séparé de sa femme le soir même, le comte de Horn fut tué en duel quelques semaines après. Restée veuve sans avoir eu d’époux, madame de Horn vécut vertueuse ; elle traversera une époque fort libre et un monde fort corrompu « sans y laisser une plume de son aile ». Sa mère étant morte comme elle n’avait que vingt-cinq ans, elle se retira au couvent.

C’est là que vint la chercher un prétendant fort différent du premier, aussi galant et accompli de manières que le lieutenant était brutal et grossier, d’ailleurs plutôt assagi que sage, et portant jeune sous ses cheveux blancs. C’était Dupin de Francueil, fils du fermier général Dupin, et beau-fils de cette remarquable madame Dupin de Chenonceaux dont Jean-Jacques fut quelque temps le secrétaire. Homme du monde, brillant causeur, pourvu de nombreux talents d’amateur (il écrivit les récitatifs du Devin du village), menant un train royal, par-