Page:Rocheblave - Pages choisies des grands ecrivains - George Sand.djvu/15

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tageant sa vie entre le palais de Chenonceaux et l’hôtel Lambert, Dupin de Francueil ne vainquit pourtant les hésitations de la modeste veuve qu’au bout de deux ou trois ans d’une cour assidue. On se maria. Avant un an il leur naquit un fils, Maurice, et dix années se passèrent ainsi, brillantes et heureuses. Francueil mourut. Comme il était fort imprévoyant, sa veuve se trouva ruinée, c’est-à-dire réduite à 75 000 livres de rente. Ils menaient jusque-là un train de 600 000 livres. Là-dessus éclata la Révolution.

La « citoyenne » Dupin ne fut pas d’abord inquiétée. Elle put vivre tranquillement, de 1789 à 1793, entre son fils unique et le pédagogue Deschartres, soit dans la terre de Nohant qu’elle venait d’acheter avec les débris de sa fortune, soit dans son appartement de Paris. Mais, sous la Terreur, à la suite d’une perquisition qui faillit amener la découverte de papiers compromettants, elle fut arrêtée. Deschartres, l’héroïque pédant, lui sauva la vie en cette circonstance. Madame Dupin se trouva incarcérée, par une ironie du sort, dans ce même couvent des Anglaises, rue des Fossés-Saint-Victor, où elle s’était déjà retirée entre ses deux mariages : le Comité du salut public en avait fait une conciergerie. Ce couvent est inséparable de l’histoire de George Sand. Non seulement en effet il vit la retraite et la captivité de sa grand’mère, mais il reçut les fréquentes visites de Maurice Dupin durant la détention de sa mère : coïncidence plus étrange encore, il abritait à la même heure une petite fille, arrêtée pour une chanson ce séditieuse », qui devait être