Page:Rocheblave - Pages choisies des grands ecrivains - George Sand.djvu/17

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sa fille comme un météore. Mais, si jeune fût-elle, celle-ci en garda un éclair au cœur. Toute sa vie elle se sentit fille de son père plus que de sa mère ; elle avait certainement hérité de lui la plupart des riches dons qui firent son génie. Aussi comme elle en parle ! « Ce père que j’ai à peine connu, et qui est resté dans ma mémoire comme une brillante apparition, ce jeune, homme artiste et guerrier est tout entier vivant dans les élans de mon âme, dans les fatalités de mon organisation, dans les traits de mon visage. Mon être est un reflet, affaibli sans doute, mais assez complet, du sien. Le milieu dans lequel j’ai vécu a amené les modifications… [1] »

Si George Sand tenait par son père à deux maisons royales, par sa mère elle tenait au petit peuple de Paris. Sa mère, Sophie-Victoire-Antoinette Delaborde, était la fille d’un maître paulmier et maître oiselier, qui vendit des serins sur le quai des Oiseaux après avoir tenu un petit estaminet avec billards, où il ne fit pas ses affaires. Le parrain de la mère de George Sand était un brave homme du nom de Barra. Ce nom, ce illustre dans la partie des oiseaux », se lisait encore, affirme George Sand, en 1847, boulevard du Temple, au-dessus d’un édifice de cages de toutes dimensions. Fille du peuple, Victoire Delaborde l’était avec toutes les qualités primesautières et toutes les lacunes qui comporte ce mot. Nature vive et déséquilibrée, elle était ignorante et intelligente, moqueuse et naïve, passionnée et fantaisiste : d’ailleurs jolie à ravir, adroite de ses doigts comme

  1. Hist. de ma vie, I, 185.