Page:Rocheblave - Pages choisies des grands ecrivains - George Sand.djvu/16

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plus tard madame Maurice Dupin ; enfin, c’est dans ce même couvent rendu à sa destination primitive, que George Sand termina son éducation, de 1817 à 1820.

Madame Dupin fut relâchée le 4 fructidor (août 1794). Elle put se retirer à Nohant et compléter l’éducation de ce fils précocement mûri par l’épreuve, et qui avait fait preuve dans la tourmente d’une volonté et d’un esprit au-dessus de son âge. Ce Maurice faisait les délices et l’orgueil de sa mère avant d’en être la grande sollicitude quand plus tard il courut les champs de bataille de l’Europe, et d’en devenir l’éternelle douleur lorsque, à peine âgé de trente ans et réchappé de mille morts, l’écart d’un cheval ombrageux lui brisa la tête sur un pavé, à cent pas de sa porte.

George Sand, dans cette Histoire de ma vie qui est plutôt l’histoire de ses admirations dans le passé, a consacré les pages les plus poétiques, les plus attendrissantes, à l’histoire de ce père qu’elle entrevit, jeune et brillant, entre deux batailles, et qui disparut brusquement de sa vie quand elle avait quatre ans. C’était une nature de héros et d’artiste : follement brave et tendrement passionné, écrivain par instinct et musicien par inspiration, prodigue de toutes les richesses de son être, virtuose de cœur et d’esprit, d’abord emporté par la joyeuse fougue de sa jeunesse, puis marqué au front du sceau noir de la mélancolie dès la vingt-cinquième année ; sa courte vie, dit George Sand, « fut un roman de guerre et d’amour, terminé à trente ans par une catastrophe imprévue ». Maurice Dupin traversa l’enfance de