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DE M. DES ROCHES.

ſinguliere richeſſe eſt de me perdre en moy, pour me recouvrer en vous, ayant laiſſé ma liberté dans voz beaux yeux ſoleils de mon ame, prodiguant envers vous mon cueur & mes affections, ie fay comme ceux qui pour un temps perdent la terre pour gaigner les Cieux : auſſi voz excellentes vertus & diuines beautez, m’ayant conduit au paradis de voz perfections me guident encore au Ciel dont elles tiennent leur origine. C. Vous m’eſtonnez plus de courtoiſies que de raiſons, depuis que vous avez commencé à me loüer ie n’ay ſçeu quelle contenance je deuoy tenir, ny lequel eſtoit le plus ſeur pour moy de me taire, ou de parler : si je parle, refuſant les loüanges que vous m’attribuez, il ſemblera que je vueille vous donner occaſion de conteſter d’auantage : ſi ie me tays vous penſerez que mon ſilence auouë tout ce qu’il vous plaiſt dire en ma faueur. S. Il vous ſera bien aiſé, Madame, de vous oſter de cette peine, & moy d’vne beaucoup plus grande, vous n’auez ſinon à reſpondre, & m’accorder tout ce que ie vous dy, & que ie demande. C. Pourueu que tous voz propos ſoient raiſonnables, & voſtre demande honneſte i’en ſuis contente. S. Madame, je perſevère touſiours en mes premiers propos, & ma requeſte premiere, demãdant à voz graces, puis qu’il leur plaiſt bien quelquesfois de me conduire au Ciel qu’elles ne deſdaignent non plus de me guider en