terre. C. Puis que vous ne pouuez encore vous guider en terre ſans ayde d’autruy, comment vous mettez vous à vouloir rechercher le Ciel ? S. Vous en eſtes cause (Madame) car i’y ſuis conduit par vous, & vous par moy. C. Si n’ay-je point ſouuenance d’y avoir jamais eſté, mais poſſible m’en ferez vous reuenir la memoire me disant ce que i’aperceu de plus eſmerueillable en ce voyage. S. Vous n’aperceuſtes rien de ſi parfaict que vous : Auſſi pource que vous eſtiez du tout empeſchee à la contemplation de voz beautez & graces, elles vous engarderent de voir ce qui eſtoit preſente à voz yeux : quand eſt du iour je ne vous en diray point vn ſeul, puis qu’il n’en paſſe aucun que vous & moy n’y ſoyons attirez. C. Il me ſemble que vous ourdiſſez vne longue fable. S. Mais pluſtoſt ie declaire vne pure vérité. C. Contez moy ſ’il vous plaiſt ce nouveau miracle. S. Tout miracle ſe peut croire de vous (Madame.) Or ie m’en vay donc commencer à vous conter des merueilles de vous-meſme : On dict que de toutes les choſes qui ſont icy, les formes en ſont au Ciel : il y a vne Idee du bon, il y en a vne du beau, il y a vne deſtinee qui apres la prouidence de Dieu ha le ſecond pouvoir, cette cy ayant ordonné l’heure de voſtre naiſſance, quand les Planettes plus benignes ſe regardoiẽt d’un aſpect amiable, elle appella les Parques, & leur commanda de mettre ſur leur meſtier la