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DE M. DES ROCHES.



Bouche dont la douceur m’enchante doucement
Par la douce faueur d’vn honneſte ſoubs-rire :
Bouche qui ſouſpirant vn amoureux martyre,
Apaiſez la douleur de mon cruel tourment.
Bouche de tous mes maux le ſeul allegement,
Bouche qui reſpirez vn gratieux Zephire :
Qui les plus eloquens ſurpaſſez à bien dire
A l’heure qu’il vous plaiſt de parler doctement.
Bouche plaine de lys, de perles, & de roſes,
Bouche qui retenez toutes graces encloſes,
Bouche qui recelez tant de petits Amours.
Par voz perfections, o bouche ſans pareille,
Ie me perds de douceur, de crainte & de merueille
Dans voz ris, voz ſouſpirs, & voz ſages diſcours.

Penſer qui m’es plus doux, que les fleurs à l’Abeille,
Et le ſoleil aux fleurs, penſer en qui ie voy
L’angelicque beauté qui me deſrobe à moy,
Raui par les ſoupirs d’vne bouche vermeille.
Penſer de mes eſprits l’agreable merueille,
Penſer de mes penſers le ſeigneur & le Roy :
Penſer heureux, penſer qui commande ma foy.
Serue de la douceur d’une voix nompareille.
Penſer mon cher mignon, ma faueur, mon plaiſir
Penſser que ma Charite a bien daigné choiſir
Pour renger vn portraict de ſa beauté exquiſe.
En luy repreſentant ſon exquiſe beauté.
Fay luy paroiſtre auſſi ma ferme loyauté,
Afin que me prenant elle demeure priſe.