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LES ŒVVRES


O que i’ayme voz yeux doux tirans de ma vie,
Et que i’ayme voz mains qui m’ont pris & lié.
Que i’ayme voſtre poil blond creſpe & delié
Qui tient dedans ſes laqs ma liberté rauie.
Vous tenez tellement ma raiſon aſſeruie
Par un regard meſlé de honte & de pitié,
Voz mains ſerrent ſi fort le nœud de l’amitié
Et voſtre poil doré ſi doucement me lie :
Que pluſtoſt que ſortir de ma captiuité,
Que pluſtoſt que manquer à ma fidelité,
Que pluſtoſt que faillir à ſi digne maiſtreſſe,
Ie veux mourir cent fois en ma douce priſon
Laiſſant ma liberté, ma vie & ma raiſon
Dans voz yeux, dans vos mains & voſtre blõde treſſe.

Prin-temps aporte fleurs, dont la riche peinture
Imite la couleur de la robe d’Iris,
Prin-temps ſuiuy du jeu, de la dance & du ris
Qui follatre touſiours dans ta gaye verdure :
Prin-temps fils du ſoleil cher mignon de nature,
Delices des humains qui doucement nourris,
Tant & tant d’animaux, qui fuſſent tous peris,
Sans tes herbes & fleurs qu’ils ont pour nourriture.
Prin-temps honneur des prez, des champs, & des iardins
Quand tu baiſe les doigts delicats & roſins
De ma belle Charite en pillant les fleurettes.
Œilladant la ſplendeur de ſes diuins regards,
Tu deuiens vn eſté pauvre, tu brule & ards
Admirant le parfaict de ſes beautez parfaictes.