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LES ŒVVRES

Qui d’vne ſaincte amour ſainctement nous aſſemble,
Mon cueur iure qu’il ſ’eſt pour le voſtre changé
Et que luy ſeul vous tient à noſtre amour rangé,
Ma bouche maintenant veut affermer pour elle.
Que ſi ce n’euſt eſté ſon gracieux accueil
Ny la force du cueur, ny la force de l’œil.
N’euſſent peu arreſter cette flamme nouvelle.

Puis que le ferme nœud d’une amitié tant ſaincte,
Vous doit vnir à moy, faictes voſtre devoir
D’egaller voz vertus à voſtre grand ſçavoir
Et que ce ne ſoit point une aparence feinte.
Si vous eſtes meſchant, las ie ſeray contrainte,
De vous abandonner : car ie craindroy d’auoir
Vn amy vitieux, & ie ne veux point voir
Mon honneſte amitié compaigne de la crainte.
La vertu ſeulement rend l’homme bien-heureux,
Soyez donc ſ’il vous plaiſt de vertu deſireux
Suivant de l’ypſilon la moins commune adreſſe.
Faictes que la raiſon commande à voz deſirs,
En eſperant de moy les honneſtes plaiſirs
Que l’on doit eſperer d’vne chaſte maiſtreſſe.

Amy ie ne ſçaurois rompre ce doux lien,
Ce doux lien d’amour, dont vous me tenez priſe,
Auſſi ne veux-ie point faire telle entrepriſe
Puis que tous mes efforts, n’y ſeruiroient de rien.
Ie vous ayme & honore, & voy aſſez combien
La troupe des neuf ſœurs ſur tout vous fauoriſe,