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DE M. DES ROCHES.

Mais ſi deſſus voz mœurs on faict quelque repriſe
Le blaſme n’en fera non plus voſtre que mien,
Pour vous retirer donc de l’ecole du vice,
Ie voudroy reſſembler une ſage Melice
Et vous pouuoir conduire en plus heureux sentier.
Pour les fautes d’vn ſerf on ſ’en prend à ſon maiſtre,
Et ſi vous eſtes mien, ou deſirez de l’eſtre,
Soyez donc, Sincero, en mœurs pur & entier.

Si ie veux m’acquiter on ne me doit reprendre
De ce dont eſt repris le prodigue donneur,
Qui depend follement & richeſſe & honneur
Sans eſperer le bien qu’il en pourroit attendre.
Recevant un amour, un amour ie veux rendre
A vous mon Sincero, & confeſſe mon heur
D’avoir ſçeu rencontrer vn ſi rare ſonneur
Pour noſtre affection dignement faire entendre.
Or ie doy vous aymer pour trois occaſions,
Pource que vous m’aymez, pour voz perfections,
Pource que ie vous ſuis liee de promeſſe :
Et vous payant ainſi ie ne vous donne rien,
Que pourrois-ie donner, vous eſtes tout mon bien,
Vous eſtes mon honneur, mon plaiſir, ma richeſſe.

Mais d’où vient, Sincero, qu’eſtant ſi loing d’ici,
Vous ne m’eſcrivez point, la douce ſouuenance
De noſtre chaſte amour, eſt elle en oubliance ?
N’avez vous plus de moy penſement ny ſouci ?
Vrayement ſi i’appercoy que vous ſoyez ainſi,