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TRAGICOMEDIE

Et qui le nom de Dieu parfaitement adore,
Cetuy-là eſt vraiment treſ digne qu’on l’honore.

Anne.

Noſtre fille avec luy seroit en grand repos.

Raguel.

M’amie, le voici, il faut changer propos.

Azarie.

L’excellente beauté de voſtre fille unique,
Sa vertu, sa douceur, & ſa grace pudique
Ont ſi bien enlaſſé le cueur de cetuy-ci,
Que ſi vous ne prenez ſouci de ſon ſouci
Vous le verrez bien toſt à la fin de ſa vie.
Le lignage & ſur tout la pitié vous conuie
De le tenir pour voſtre, il vous veut obeir.

Raguel.

Ie l’ayme comm’un fils & ne le veux trahir,
Ma fille en eſprouvant ſept Nopces miſerables
Me fait avoir grand peur d’en reuoir de ſemblables.

Azarie.

Monsieur, ne craignez point, les maris de Sarra
Sont tous morts l’ayant eüe, & cet autre mourra
Si vous ne luy donnez. Vaut-il pas mieux qu’il meure
Avec elle content, que mourir dès ceſte heure,
Auſſi bien vous eſt-il envoyé du Seigneur ?
Lequel n’a point voulu qu’un autre eust le bonheur
De iouir d’une femme & ſi chaſte & ſi belle :
Car tous ceux qui l’avoient n’eſtoient pas dignes d’elle,
Mais ceſtuy-ci craint Dieu, il eſt predeſtiné
Pour eſpouser Sarra, dès avant qu’il fuſt né.