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DE TOBIE.

Raguel.

Ie deſire bien voir un mari à ma fille,
Mais ie craints de le perdre & que la mort le pille.

Azarie.

Ie vous puis aſſurer qu’il viura fort long temps
Avec elle, & ſera pere de beaux enfans.

Tobie.

Si le doux souvenir de la premiere flame,
Qui Iadis vous brula, vous tient encore en l’ame :
Aumoins monſieur penſez ce que je puis ſoufrir,
Et receuez vn fils que ie vous viens ofrir :
Si vous gardez auſſi l’amour de voſtre race
Ayez pitié de moy qui vous demande grace :
I’ayme tant voſtre fille & avec tel deuoir,
Que de viure ſans elle, il n’eſt en mon pouvoir.

Raguel.

Tu l’auras (mon amy) ſi elle en eſt contente.
Qu’en dites-vous ma femme ?

Anne.

Elle eſt obeiſſante,
Elle fera touſiours tout ce qu’il vous plaira.

Raguel.

Allons parler à elle & voir qu’elle en dira.
Ma fille, vous ſçavez combien vous m’eſtes chere,
Vous connoiſſez auſſi l’amour de voſtre mere,
Nous n’auons iamais eu autre plus grand deſir
Que de vous procurer & profit & plaiſir :
Nous vous donnons mari ; vn heureux mariage
Est plus digne de vous que ce piteux veuſuage.