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LES ŒVVRES

Multiplier parolles ſans ſcience
N’eſt agreable à la Diuinité,
Inuectiuer ſur la tranquilité,
Subtiliſer pour une indiference.
Vne ſyncere & bonne conſcience,
Un cœur benin rempli de charité
Garde la ſeure & ſage verité
Par qui de Chriſt le beau regne ſ’aduance.
Mais depriſer toutes traditions,
Ne reigler point ſes imperfections,
Trainer à ſoy la ſotte multitude,
Sont les proiets de ces preſcheurs ruſez,
Qui ont du nom de Vertu deguiſez
L’ambition, l’erreur, l’ingratitude.


Comme le Ciel reſiſte à ſon premier mobile,
Ainſi faict la prudence au premier mouuement,
Le diſcours, le ſçauoir, par leur bon iugement,
Liment noſtre raiſon per caute & mal habile.
Les ſens qui ſont trompeurs, la memoire labile,
N’imaginent le vray que par l’euenèment :
Mais l’eſprit qui reçoit le diuin mandement,
Comme vn roc agité eſt ferme & immobile,
Cettuy ne baſtit point ſur l’incertain du ſable
Ains ſuiuant le ſçauoir vtile & profitable
Guide par la vertu l’effect & le propos.
Et cettuy-là qui prend la vertu pour ſa guide
Vaincra ces monstres vains comme un ſecond Alcide
Et iouyra ſans fin de l’eternel repos