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DE M. DES ROCHES.

Et i’ay voz beaux ſentiers heureuſement ſuiuis,
Seruant Charles mon Roy, ſainct hõneur de la France,
À qui i’auoy voüé mon cueur dés mon enfance,
Et le regret qui tient mon esprit tranſporté,
Ceſt que ie n’ay laiſſé la France en liberté.
Ô grand Roy, dont le nom ne ſuit la morte cendre,
Roy ! qui as mis au Ciel la viue Salemandre :
Et toy qui as laiſſé ton ſceptre fleuriſſant
Mets, Bouloigne, & Calais honorent ton croiſſant,
Et vous François ſecond, le Ciel vous eſt proſpere,
Mon Duc qui eſt des trois le neneu, fils, & frere ;
A de ſon ieune bras combatu le mutin,
Qui faiſoit de la France vn publique butin :
Ia de ceſt Achelois la force il a rompue,
Que de l’Hydre bien toſt ſoit la force abatue,
Par ceſt excellent Duc, magnanime & courtois,
Vn Aſtre bien heureux puiſſe garder les trois.
Tu faiſois à noz Roys ce veritable compte,
(Ô Compte de qui ſeul on doit faire grand conte)
Lors que les ombres noirs connoiſſant la ſplendeur,
Qu’auoit infuſe en toy la diuine grandeur,
Se ſont precipitez dedans la riue noire :
Et par ton ſeul regard le Ciel eut la victoire
Ton ame ores iouyt de la Diuinité,
Et ton beau nom ſe voue à l’immortalité :
La France, qui pour toy de pleurer n’eſt pas laſſe,
A mis ton ieune corps dans une claire Chaſſe,
Où la ſaincte vertu & le docte trouppeau,
Qui chante ſes beaux vers ſur le double coupeau.