Dialogue de Vieilleſſe & Ieuneſſe.
AIS qui eſt ceſte ieune folaſtre,
couronnee de fleurs, qui court &
ſaulte ſi allegrement ? Elle tient vn
lut en ſes mains, dont elle accorde
l’armonie auec ſon chant, & bien
ſouuent laiſſe tout pour ſe mirer : Helas ! ſi elle
ſentoit partie des peines qui me ſuiuent, que cela
luy feroit toſt oublier ſon allegreſſe. Iev. Ie
penſe en moy tant de choſes diuerſes, que ie ne
ſçay laquelle commencer premierement. Vaut-il
point mieux : ha nenny, ie m’en vais dire vne
chanſon, & puis delibereray du reſte.
Le beau printemps de ma ieuneſſe gaye,
Guérit d’amour la dangereuſe playe :
De cet enfant le pouuoir plus qu’humain
Eſt ſouſtenu par ma puiſſante main.
Que ſeruiroit que ſon ardente flame
Brulaſt le ſang le cœur, le corps, & l’ame
Si moy qui ſuis du monde l’entretien,
De ce grand mal ne tirois vn grand bien.