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DE M. DES ROCHES.

mere. P. Auſſi ne l’euſſe-je pas dict. F. Penſez vous qu’il eut eſté en voſtre puiſſance de le taire ? vous l’euſſiez auoüé voſtre fils, & ſes ſubiects l’é euſſẽt à iamais deſpriſé : car vous n’auez point de vaiſſeaux d’or à luy donner pour fondre vne ſtatue ſemblable à celle du Roy Amaſis. P. Il eſt vray que ie n’ay pas l’or à commandement, mais i’ay bien quelquesfois la raiſon qui m’empeſche de dire ce qu’il faut taire. F. Si dict on communément que les femmes abondent en parolles, & manquent de raiſon. P. Qui dict ce propos ſinon des hommes lourds & groſſiers ? leſquels n’oſans frequenter les femmes gentilles & bien appriſes, de crainte qu’elles les eſtiment tels qu’ils ſont, cherchent bien ſouuent celles qui plus leur reſſemblent, & par l’importunité de leurs folles queſtions les contraignent de reſpondre moins bien qu’elles n’ont couſtume de faire en leurs propos communs : puis apres ils faignent d’auoir opinion que toutes parlent de meſme, & qu’elles ne ſçauroient ſi peu dire qu’il n’y en ait trop : mais ie n’ay guères veu de femme qui par ſes leures ſoit perie, où il ſ’eſt trouué vne infinité d’hommes, qui pour auoir trop cauſé, ont cauſé leur ruine. Si la Lyonne d’Athenes n’euſt apris à ſe taire aymant mieux trencher ſa langue que declairer ceux qui vouloient eſtaindre la tyrannie, elle n’eut pas merité ſtatue de Bronze, dont elle fut honoree apres ſa mort.