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LES ŒVVRES

F. Vous parlez de l’antiquité, peut eſtre qu’il ne ſ’en trouue point maintenant de ſi parfaicte, cõme celle que vous venez de nommer. P. Dieu vueille qu’il ne ſ’en trouue iamais qui rende vne ſi miſerable preuue de ſon vertueux ſilence, mais croy aſſeurément que celles qui parlent bien ſe ſcauent bien taire auſſi, & que l’on en peut voir au monde d’autant excellentes qu’il y en eut iamais. F. Dictes moy ſ’il vous plaiſt qui elles ſont, & en quel nombre. P. Le nombre en eſt ſi grand que ie ne le ſçauroy nombrer, toutesfois ie connois vne qui ſeule a plus de grace que toutes les autres enſemble, & parlant de celle là c’eſt parler de toutes celles qui méritent quelque louange. F. Qui eſt ſon nom ? P. Ie le veux voiler de l’honneur du ſilence, craignant en le diſant de le prophaner, te ſuffiſe d’entendre par moy qu’elle ſe rend admirable par la vertu de ſes mœurs, la gentilleſſe de ſon eſprit la grandeur de ſon ſçauoir, & la douceur de ſes propos. F. Parlez vous ſouuent à elle ? P. Quelques fois à ſon huis. F. Entrez vous point en ſa maiſon ? P. Non pas pour y demeurer, car ie luy ſerois ennuyeuſe, & ie ne veux pas la moleſter, quand biẽ il ſeroit en mon pouuoir : mais comme il aduint à mon fils lors qu’il voulut bleſſer les Muſes que les voyant ſi ententines à diuers empeſchemens il perdit tout courage de les offencer : ainfi moy regardant de loing les honneſtes exercices de