Page:Rod - À propos de l’Assommoir, 1879.djvu/18

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de romans dont chaque volume serait un tout, et qui pourtant ne pourrait être comprise et jugée que dans son ensemble.

À cela s’ajoutait une combinaison purement matérielle. M. Zola, qui aime ardemment le travail de l’artiste, trouvait pénible de perdre son temps et ses forces à faire des lignes pour gagner son pain. Il proposa à l’éditeur Lacroix de lui livrer deux volumes par année, moyennant une rente de 500 fr. par mois. La proposition fut agréée. — Ainsi cet auteur que l’on accuse de vénalité engageait son avenir, auquel il avait foi, pour dix longues années, et sacrifiait la propriété d’œuvres dont le rapport pouvait être considérable, dans le seul but de pouvoir travailler librement ! Nul doute que la question de vente ne l’ait préoccupé ; il avait vu d’assez près la librairie, pour savoir qu’un auteur aimé vend ses livres, et que ceux que l’on n’achète pas ne sont pas lus. Mais les conditions peu avantageuses qu’il acceptait prouvent bien que son but, en écrivant ses romans, était bien plus de satisfaire à ses goûts