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Page:Rod - L’Innocente, 1897.djvu/123

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cipation, tenaient leur langue. On mit une sourdine aux commérages. On ne parlait plus qu’à voix basse, en regardant autour de soi pour s’assurer que le colonel n’était pas tout près, avec sa canne. On avait peur, en un mot. Mais le battu porta plainte, la justice intervint, le colonel fut condamné à une forte amende : de sorte que les vaincus, se sentant soutenus par les gendarmes, reprirent courage. Tout le monde se réjouit de la condamnation dont la sévérité, semblait-il, écartait un péril public.

Quelques bonnes dames insinuèrent :

— Une amende ne suffit pas : on aurait dû le mettre en prison.

Mlle Éléonore gémissait que, depuis l’époque des croisades, jamais un des Pleiges ni aucun de leurs alliés n’avait eu de casier judiciaire. Et l’on répétait :

— Après un tel scandale, ils ne pourront plus rester au pays : cette fois, il faudra bien qu’ils partent.