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Page:Rod - L’Innocente, 1897.djvu/124

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VII


Eh bien, non, ils ne partirent pas.

Il fallait que des liens bien solides les attachassent à ce coin de terre où le hasard les avait un jour poussés, où la vie les avait un instant inclinés vers le bonheur, et qui n’était plus pour eux qu’un cabinet de tortures. Car, enfin, se figure-t-on l’existence de ces trois pauvres êtres, seuls avec eux-mêmes, isolés au milieu de la haine qui les assiégeait dans leur château abandonné ? Ils représentaient les trois âges de la vie, dont chacun a besoin d’affection, de sociabilité, de compagnie. Il faut que l’enfant s’épanouisse parmi les enfants, ses complices en insouciance, en joie, en gaieté. Il faut au vieillard des compagnons de causerie, qui l’aident à remuer la cendre des souvenirs, à tuer la monotonie des lentes soirées qui précèdent sa dernière nuit. Et qu’est-ce que la jeunesse d’une femme, lorsqu’elle se consume dans le deuil, la tristesse, l’ennui ? Oh ! ma pauvre marraine, quelles