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Page:Rod - L’Innocente, 1897.djvu/19

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oreilles de Naine et nous poursuivit un instant. Une éclaircie découvrit l’ensemble du paysage. Philippe étendit son fouet, et me dit :

— Regarde !

Je répondis :

— Oui, c’est très beau !

Ce qui, pour l’heure, me plaisait davantage, c’était l’exquise pureté de l’air. Je le humai délicieusement. Il avait une saveur et un parfum, une saveur de framboise, un parfum d’herbe humide. Sa fraîcheur vous caressait avec une gaieté de fée bienveillante et malicieuse. Je m’écriai :

— Mon Dieu ! que cet air est bon !

Philippe répéta :

— Oui, c’est bon !…
d’un ton satisfait et convaincu ; je repris :

— Je commence à comprendre que tu aimes ce pays.

Sa figure s’épanouit comme s’il désirait et attendait cet éloge :

— N’est-ce pas ? dit-il.

Il semblait si parfaitement satisfait, que je ne pus m’empêcher de lui demander :

— Tu comptes y rester toujours ?

Il n’hésita point à me répondre :

— Certainement.

Je réfléchis que, tout de même, cette beauté qui l’enchantait, devait à la longue paraître monotone. Je repris :