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Page:Rod - L’Innocente, 1897.djvu/22

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bonnet blanc, le visage parcheminé, dont l’air de gravité s’harmonisait avec la contrée. Cérémonieuse à l’excès, elle me fit plusieurs révérences ; mais, en observant l’énergie de son nez en bec d’aigle, de son menton carré et proéminent, de son regard direct, de son front têtu, je pensai que mon ami ne devait pas diriger grand’chose dans son ménage. Il demanda :

— Tout est-il prêt, Madeleine ?

Familièrement, la vieille bonne répondit :

— Oui, monsieur Philippe.

— Bon. J’espère que tu soigneras bien mon ami, pendant les quelques jours qu’il nous fera le plaisir de passer ici.

On m’examina de la tête aux pieds. J’aime à croire que cet examen ne me fut point défavorable, car on répéta :

— Oui, monsieur Philippe.

— Maintenant, viens voir ta chambre, me dit Nattier.

En me précédant dans l’escalier, il expliqua :

— Madeleine m’a vu naître. C’est une personne qui a ses lubies. Mais elle est très bonne et m’aime beaucoup. Je ne saurais pas me passer d’elle.

La chambre, qui ouvrait sur la campagne, m’enchanta. Comme j’en admirais les anciens meubles, le visage de Philippe s’épanouit.