Page:Rodenbach-Waller - La Petite Veuve, 1884.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 20 —

Elles ne sont pas à toi. C’est ton papier, c’est ton écriture, c’est ton encre, c’est ton style, c’est ton âme, soit ! Mais il y a, à moi, là-dessus, les larmes qui les ont mouillées et déteintes, la trace de mes doigts qui les ont froissées, l’odeur de mes cheveux qui ont dormi sur elles. Regarde ! elles sont là, toutes ! je ne te les donne pas : Prends-les, si tu oses ! ou plutôt vole-les, vole-les, et va-t’en ! …

Chantreuil.

Vous me chassez, Madame ?

Jeanne (sourdement)

Non… je vous dis de partir.

Chantreuil (avec passion).

Parce que vous savez que je reviendrai.

Jeanne.

Non, adieu !

Chantreuil.

Au revoir !


SCÈNE V
Jeanne (seule).


Jeanne.


Parti (d’une voix saccadée). Bah ! Qu’est-ce que cela me fait ! Je ne l’aimais plus, non, je ne l’aimais plus ! Tant pis ! C’est fini. J’en avais assez ; se cacher