Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/110

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comment les en persuader ? Les deux mères étaient bien indécises et presque anxieuses, elles qui attendaient aussi ce grand événement des noces espérées, pour se sentir mieux unies, après tant d’années d’une sûre affection, comme de la même famille enfin… Il leur semblait que, le jour du mariage, elles deviendraient sœurs.

Mme Daneele conseilla à sa vieille amie d’en parler à Hans, de louvoyer, de chercher à savoir… Mais celle-ci hésita sur la tactique. Il ne fallait pas que son fils se doutât d’un projet, d’un plan suivi. Il se laisserait d’autant moins émouvoir qu’elle aurait l’air de l’influencer, d’empiéter sur son avenir, de remettre en jeu cette question de sa vocation qui était réglée entre eux. Sans doute que les choses s’arrangeront d’elles-mêmes. Il est préférable qu’elles suivent leur pente. Les jeunes cœurs se comprennent mieux entre eux, à demi-mot. Tel jour, à cause d’une nuance de l’heure ou d’une nuance de sa voix, Wilhelmine fera plus avec une seule parole