Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous avons chaud en courant dessus » ; et des patineurs arrivés de la Hollande voisine, qui se distinguent par un rythme, une cadence alternée, un tangage harmonieux, un art à balancer le corps, à l’abandonner sur une seule jambe et sur chacune tour à tour, comme d’une barque aux deux flancs d’une vague, selon un flux et un reflux du mouvement. Le patinage, pour les Hollandais, est comme une danse.

Les deux familles qui s’étaient retrouvées au quai du Miroir, chez Mme Daneele, s’acheminèrent vers la porte de Damme en suivant la ligne des quais. Le soleil luisait clair. Il faisait un froid vif qui, activant le sang, rendait allègre et gai. Les deux mères babillaient. Wilhelmine aussi était causante. Hans s’intéressait aux scènes de la rue.

Même sur les canaux intérieurs, solidifiés en une épaisse glace, quelques patineurs isolés s’aventuraient. Et c’était d’un effet étrange : l’eau est longée ici par un quai de chaque côté ;