Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/117

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Mais Hans, décidément d’humeur plus légère et presque gai, acquiesça ; il tint la jeune fille par la main pour l’aider à descendre au long de la rive herbue ; et, entraînés par la pente, ils coururent ensemble. Wilhelmine s’amusait, s’étonnait : la glace était si différente par places. Est-ce à cause d’une chimie de l’air qui altère, influence et mêle, au blanc, des tons fuyants, des micas de plomb fondu, des bleus de veine ? Ou bien c’est la faute des reflets gardés par l’eau, des ciels absorbés et qui transparaissent ?

Plus loin, et soudainement, la glace était toute foncée. Un patin avait passé là.

— Tiens ! on dirait de la craie sur une ardoise ! observa Wilhelmine.

Hans sourit, se charma de l’image juste. Il en fit compliment à la jeune fille.

Wilhelmine éprouva toute une petite émotion intérieure. Elle ne reconnaissait pas Hans ce jour-là ; il semblait moins clos, moins morose ; c’est la première fois qu’il lui parlait ainsi ;