Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/118

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est-ce qu’elle allait commencer à lui plaire ?

Depuis si longtemps, elle s’y efforçait ! Aujourd’hui encore, elle n’avait combiné sa toilette que pour lui. Et elle était ravissante avec sa toque de velours, les grosses fourrures sombres auxquelles ses cheveux, de la même couleur, se mêlaient. Et ses lèvres que le froid fardait, très rouges, juxtaposées à ces fourrures, donnaient une impression de vaillance, de chasse et de sang, comme si la blessure de la bouche appartenait aux poils de bêtes.

Wilhelmine marchait d’un souple pas de guerrière, enhardie par la gelée qui se colle au corps, plaque une armure, incite à l’héroïsme. Elle-même se sentait autre. Était-ce vraiment à cause du temps qui tant nous influence : nous amollit par la chaleur, nous arme par le froid, nous décourage par la pluie ?

Mais c’était aussi peut-être à cause de Hans et de ses amènes paroles, si imprévues, qui tout à coup lui avaient