Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/120

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la main dans la sienne, tout le reste de la promenade et tout le reste de sa vie.

Mais Hans ne la lui avait prise que pour l’aider à remonter la pente ; et maintenant ils avaient rejoint les deux mères, marchant en groupe rassemblé dans la direction de Damme, dont la vaste tour surgissait déjà, d’un noir d’eau-forte sur l’écran pâle du ciel.

Wilhelmine devint silencieuse et songeuse ; il lui semblait que quelque chose de nouveau s’était passé entre elle et Hans, que quelque chose de décisif allait se passer. Jamais elle ne l’avait aimé comme aujourd’hui, et jamais comme aujourd’hui elle n’avait espéré qu’il l’aimerait à son tour. Elle éprouvait comme un pressentiment, la sensation que l’heure allait sonner avec une voix changée. Soudain elle se rappela — pourquoi à ce moment-là ? — ce que sa mère lui avait dit, le jour où elle la trouva tout en larmes : « Les hommes aiment surtout quand ils savent qu’on les aime. »

Mais à cette époque et depuis lors, jamais elle n’aurait osé dire à Hans