Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/134

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blanche du premier bal ; il l’embrassait, et elle l’embrassait. Sensation divine, et si forte, qu’elle s’éveillait, tout étonnée et triste de se trouver seule maintenant dans sa chambre et dans le noir… La lune luisait à travers le tulle des rideaux… C’est à cause d’elle peut-être qu’elle s’était rêvée en robe blanche… Ah ! les doux mois où cet amour l’envahissait toute ! Jamais plus elle n’aimerait ainsi. Certes elle s’affligeait de l’amour fini ; mais elle souffrait autant d’avoir été dédaignée.

Elle ne vit plus ce visage radieux de Hans qu’elle cherchait à se rappeler bien exactement, chaque soir, en s’endormant, pour l’emporter avec elle au fond de son sommeil ; mais plutôt, à présent, sa figure froide, calme, un peu dure, indifférente, du jour final où elle avait osé des aveux. Dire qu’il n’avait pas été ému une minute ! Une foi trop rigide avait donc desséché ce cœur ? Qu’il se fasse prêtre ; c’est leur meilleure destinée, à tous deux. Elle aurait été malheureuse avec lui.