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VIII


Souvent, chez les très jeunes filles, l’amour-propre est plus fort que l’amour. Wilhelmine souffrit de la fin de son beau rêve, de savoir que Hans ne l’aimait pas, ne l’aimerait jamais. Elle avait bâti un si tendre avenir ! Elle lui avait voué un si passionné culte ! Qui saura jamais ce qu’elle lui disait quand elle parlait avec l’image de lui qui était en elle ? De quels yeux elle le couvait, sans que personne s’en aperçût, chaque fois qu’ils se trouvaient ensemble ! Mais comment lui-même n’avait-il pas senti ces regards qui auraient dû l’atteindre jusqu’à son cœur, et y faire des brûlures ? Et que de fois elle en rêva la nuit ! Comme c’était beau, ses songes ! Elle se voyait seule, avec lui, dans des pays inconnus ; elle avait sa robe