Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/161

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dans les escaliers la marche de Hans qui allait se coucher, à son heure coutumière. Un instant après, dans la chambre, au-dessus de sa tête, elle perçut l’entrée d’Ursula qui venait, sans doute, comme d’habitude, apporter, pour la nuit, la carafe d’eau toute fraîche. Mais elle entendit qu’on parlait, à voix très basse. Ursula, cette fois-ci, ne sortit pas, au bout d’un instant, pour regagner aussi sa chambre, contiguë à celle de la vieille Barbara. La présence se prolongeait. Mme Cadzand, étonnée, secoua un peu plus son vague sommeil. Elle écouta. Les deux voix se reconnaissaient, alternées et tressées tour à tour. Hans et Ursula… oui, c’étaient eux ; ils parlaient en vagues chuchotements ; puis une des deux voix s’éleva, celle de la femme, comme pressante et passionnée. Qu’est-ce qui se passait donc ? Mme Cadzand s’était mise sur son séant, adossée aux oreillers. Maintenant, des bruits de pas ; une fuite, eût-on dit, une course à travers la chambre. Le lustre, devant son lit, trembla un