Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/170

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pelé, comme il disait naguère avec orgueil, en songeant à sa vocation ?

Hans se sentit accablé de remords. À la messe, où il avait accompagné sa mère, il n’osa pas se tourner vers l’autel, ni vers l’hostie au moment de l’élévation. Il lui semblait qu’en la regardant il y apercevrait la face de Jésus, tout en larmes et en sang de son parjure. Il pria ; il demanda pardon ; mais, à chaque instant, entre Dieu et lui, Ursula s’interposait… Les yeux étaient toujours là, autour de lui, aimantés, voletant ; puis ils atterrissaient sur sa chair, s’incorporaient à elle.

Au repas du midi, Ursula, qui aidait au service de la table, évolua, le frôla de la caresse de sa robe. Quand il fut remonté dans la chambre du premier étage où il travaillait, la hantise augmenta. Un arrière-frisson lui passait par minutes dans les moelles, la silencieuse exhalaison qui soufre encore le ciel quand l’orage est passé. Des curiosités plus coupables s’infiltrèrent. Il avait vu jadis les épaules de Wil-