Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/178

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pressionnable, nerveux, saccadé, parfois, dans ses résolutions. Si le désespoir de sa chute l’égarait ? Si la peur d’Ursula, contre laquelle il se sent trop débile, le poussait à la fuite ? Peut-être qu’il va partir, se réfugier immédiatement à ce couvent des Dominicains de Gand où il semblait déjà qu’il eût retenu sa place ? Mais, alors, c’était tout de suite, au moment même où elle croyait la vocation religieuse évincée définitivement par la passion, que cette vocation tant redoutée allait s’accomplir ? Pauvre mère, dont l’espérance périrait quand elle l’imaginait sauve, enfin !

Une panique l’éperonna. Hans ! Hans ! Où était son fils, parti d’un air hagard, sorti sans cause et sans but, cheminant vers quoi maintenant à travers la ville où la pluie croissait, s’activait, pleurait sur les toits, mouchetait l’eau plane des canaux ? N’y tenant plus, envahie d’une angoisse, craignant un malheur, Mme Cadzand jeta un manteau sur sa robe d’intérieur, épingla un chapeau en hâte et,