Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/182

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Notre-Dame. Des corneilles enguirlandaient d’un vol d’âmes en peine la vieille tour. Une cloche sonnait, inexorable… Chaque coup tombait du haut de la tour, tombait dans son âme comme une pierre dans une eau, faisait des ronds dans son âme… Cercles de tristesse qui s’agrandissaient — et de remords aussi.

La porte de l’église n’était pas fermée. Elle entra… Presque personne dans les nefs ; quelques femmes du peuple priaient, dans cette attitude spéciale de la piété flamande : les bras levés, ouverts en croix, immobiles. Avec leurs longues mantes noires, on aurait dit des cloches crucifiées…

Tout était figé, mort, ténébreux… Quelques lampes éclairaient, orfèvrerie de cuivre encastrant une veilleuse de verre rouge. C’était comme du sang qui brûle — et les chapelles en prenaient un effroi de cryptes. Un grand silence qu’épinglaient les titillations de la pluie contre les vitraux. Et une odeur d’encens fané, de nappes d’autel défraîchies, de cires — mortes,